Cela fait maintenant plus de 15 ans que je travaille dans et avec la formation à distance. Le domaine se développait de plus en plus, tout en restant encore discret dans les pratiques de formation. J’étais bien loin d’imaginer qu’un virus viendrait révolutionner le milieu en quelques semaines. Pourtant, on aurait pu l’imaginer ! Le scénario avait été prévu lors de la grippe H1N1…il y a plus de 10 ans!! A l’époque, je travaillais dans un service pédagogique, et on nous demandait déjà de mettre le maximum de cours en ligne. En gros, de rattraper le retard. Mais tout a été arrêté, la crise n’ayant pas eu lieu, nous pouvions continuer à ne pas trop avancer, en terme de formation en ligne…

Le confinement nous a poussés au télétravail et à la formation à distance. Il a fallu réagir vite, mettre les plus réfractaires à ces modalités. Dans l’urgence, on fait comme on peut. Cela s’entend. Un outil de webconférence simple et fluide s’impose rapidement sur le marché. Devenant l’outil privilégié pour les réunions, les formations ou encore les apéros ;-).

Les organismes de formation ont suivi plus ou moins rapidement. Et on a vu apparaître des « formations à distance » sur les catalogues de formation. Sauf qu’entre répondre à l’urgence d’une formation que l’on transpose rapidement sur un outil de webconférence, et une formation conçue et vendue pour de la formation à distance….il y a une différence, celle de la qualité pédagogique.

1° : La webconférence, ça fatigue !

Les connexions plus ou moins fluides, le décalage qui fait couper la parole, le temps d’attente pour ne pas se couper la parole, l’oeil rivé à l’écran…et bien ça crée une fatigue indéniable.
Selon nos habitudes, l’intérêt de la webconférence, le temps peut varier mais, entre 30 min et 1h30, grand max ! Pour un public déjà intéressé, motivé, et ayant l’habitude de travailler derrière un ordinateur !
Alors on oublie tout de suite, les demi-journées entières, sans pause, en webconférence. Tout comme on oublie, 3h de présentation d’un powerpoint ! Mais ça c’est déjà le cas en présentiel 😉

Tips : Privilégier les webconférences pour les échanges entre les participants, et les questions au formateur. Mais segmentez les espaces-temps !

2° : Du temps réel alors que nous nous ouvrons à du temps différé

Dans l’urgence, nous avons maintenu nos plannings et transposé les formations en webconférence. Nous avons alors subi des inconvénients de la formation à distance (problèmes techniques, moins « d’humains ») sans bénéficier des avantages : avancer à son propre rythme et à l’heure où on est le plus efficace.

Selon moi, la formation à distance doit se concevoir différemment avec des temps d’apprentissage plus courts (lié à une charge cognitive plus forte) et une flexibilité pour apprendre au moment où ça convient le mieux à l’apprenant. Sur ce deuxième point, mes expériences m’ont laissée tout de même perplexe. Cela demande visiblement, une forte auto-discipline que même des adultes, professionnels et motivés ne trouvent pas toujours. Finalement, l’apprentissage serait-il plus efficient sous la contrainte horaire ? La question reste ouverte pour moi…

Tips : Prévoir dans sa conception pédagogique : une partie à faire en temps réel et une partie en temps choisi.

3° : La pédagogie active en formation à distance

Au-delà de l’outil de webconférence, le point essentiel est : comment avez-vous scénarisé votre formation à distance ?
Quand je vois une formation sur un outil de webconférence, j’ai surtout très peur de revenir à une formation qui soit uniquement la présentation d’un diaporama.
Il a souvent été dit que la formation à distance rendait les étudiants passifs. Dès le confinement annoncé, j’ai transposé mes formations en ligne. Grâce à un scénario pédagogique détaillé, j’ai rapidement adapté mes jeux de pédagogie en ligne. Je pense que j’ai pu transposer 80% des jeux sans difficulté. Pour les diaporamas, j’ai préféré tourner des vidéos. L’apprenant peut alors voir et revoir le contenu quand il le souhaite, et je m’astreins à des vidéos courtes pour l’essentiel du message. Les questions, les échanges et les approfondissements se font alors en webconférence.

Conclusion

Que doit-on retenir de cette expérience ?
Ce que l’on sait depuis longtemps dans le domaine des technologies de l’éducation. L’outil ne fera jamais l’apprentissage, la qualité de l’outil doit juste fluidifier la tâche pour l’apprenant. Toute la réussite de la formation tiendra toujours dans la conception pédagogique.
Même si, il est vrai que cela demande une casquette de plus au formateur, qui est de savoir accompagner et rassurer l’apprenant face à ces changements. Et comme je dis toujours, pour rassurer, il faut être assuré. Le développement de solides compétences est plus que nécessaire pour pouvoir proposer des formations de qualités (à distance, ou en présentiel).